Surveiller les impacts des aléas climatiques extrêmes sur la santé mentale

Lundi |

Une équipe composée de chercheurs du Centre de recherche du CISSS de Chaudière-Appalaches, de l’Université du Québec à Rimouski (UQAR), de l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ), de l’Université de Montréal et de l’Université de Toronto vient d’obtenir un financement de 20 000 $, auquel s’ajoute un accès aux données du Système intégré de surveillance des maladies chroniques du Québec (SISMACQ) de l’INSPQ, pour mener un projet visant à explorer les impacts sur la santé mentale des aléas climatiques extrêmes. Cette subvention provient des regroupements TIC et santé et santé mentale du Réseau de recherche en santé des populations du Québec dans le cadre d’un concours lié à la surveillance des troubles mentaux.



Dans le contexte des changements climatiques, il est attendu que les aléas climatiques extrêmes (ACE) augmentent en nombre et en intensité. Ces ACE, comme les feux de forêt, les inondations ou les épisodes d’érosion côtière, sont souvent associés à des impacts négatifs pour la santé mentale des personnes touchées ou celles vivant dans des environnements vulnérables en raison notamment des déplacements et délocalisations des personnes, des pertes matérielles, financières et humaines, des incertitudes et craintes de récidives et de la dégradation de l'environnement. Les personnes touchées peuvent vivre, à court terme, une désorganisation de leur vie quotidienne, des conditions de stress aigu, des sentiments de vulnérabilité, de la détresse psychologique, de l’épuisement et des troubles de l'adaptation. À plus long terme, des troubles mentaux courants (TMC) peuvent apparaître comme des troubles anxieux ou dépressifs, le trouble du stress post-traumatique et même des suicides. Il est important que le Québec se prépare à l’accroissement des ACE et de leurs impacts. Les technologies de l’information et des communications (TIC), par l’utilisation des données administratives massives comme celles du SISMACQ, peuvent être mises à profit dans une stratégie globale visant à mieux prévoir les impacts et ajuster la réponse des services d’urgence, des services communautaires, du réseau de la santé et des services sociaux à la suite de la survenue d’un désastre naturel afin de prévenir les TMC ou favoriser le rétablissement des personnes touchées. Les TMC peuvent parfois se cacher derrière des signes somatiques ce qui les rend plus difficiles à détecter lors des consultations. Il est donc pertinent d’élargir la surveillance au-delà d’indicateurs comme l’incidence des TMC. Notre équipe propose donc d’explorer d’autres indicateurs mesurables à partir des données du SISMACQ soit : l’utilisation des services de santé et la prise de médicament d’ordonnance en lien avec les TMC. Des études de cohortes rétrospectives avec groupe contrôle seront effectuées, à partir de données tirées du SISMACQ pour une dizaine de désastres survenus au Québec et qui sont liés à des ACE. Les analyses viseront à déterminer si des changements surviennent dans les trajectoires d’utilisation des services et de la prise de médicaments d’ordonnances dans les semaines, mois et années suivant un ACE. À moyen terme, ses connaissances permettront aux instances régionales de la santé de mieux planifier l’offre de services de santé et préparer les professionnels de la santé et des services sociaux pour travailler à réduire le fardeau des TMC associés aux désastres naturels pour les personnes touchées, leurs proches et la société québécoise. Il est prévu d’inclure ces indicateurs dans la prochaine mise à jour de la boîte à outils de surveillance épidémiologique des impacts psychosociaux lors d’un sinistre. Cette boîte à outils, préparée à la direction de la santé environnementale et de la toxicologie de l’INSPQ, est dédiée aux acteurs locaux et régionaux de santé publique pour les aider à effectuer la surveillance des impacts sur la santé mentale lors de désastres liés aux ACE. Le présent projet se nomme « Utilisation des services de santé et des médicaments d’ordonnance : indicateurs des impacts sur la santé mentale des populations touchées par des désastres causés par des aléas climatiques extrêmes (ACE) ». L’équipe de recherche est composée de Lily Lessard, UQAR et chercheure régulière au Centre de recherche du CISSS de Chaudière-Appalaches; Geneviève Brisson, UQAR et INSPQ; Magalie Canuel, INSPQ, Isabelle Doré, Université de Toronto et Université de Montréal, Arnaud Duhoux, Université de Montréal et Stéphane Turcotte, Centre de recherche du CISSS de Chaudière-Appalaches.

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